Notre société contemporaine semble marquée par une aversion croissante pour le risque. Cette tendance, observée non seulement dans des domaines tels que la finance ou l’économie mais également dans nos comportements quotidiens et nos choix de vie, soulève de multiples questions. Pourquoi avons-nous perdu le goût du risque ? Comment expliquer cette réticence grandissante à nous exposer à l’inconnu, à l’incertain, au danger potentiel ? Dans cet article, nous allons explorer les mécanismes psychologiques qui sous-tendent ce phénomène et les implications qu’il a sur notre moral et notre sens de la vie.
Le profil psychologique de l’amateur de risque
Une aversion au risque ancrée dans nos sociétés
Dans un contexte marqué par les pandémies, les crises économiques et sociales ainsi que l’avènement du numérique, andrea Marcolongo, patrice Franceschi et Loïc Finnaz ont souligné une tendance à l’aversion au risque. En effet, ces événements ont contribué à une volonté croissante de se protéger contre toute forme d’incertitude.
Patrice Franceschi : un regard critique sur notre rapport au risque
L’écrivain Patrice Franceschi va plus loin en qualifiant cette aversion au risque de ‘maladie‘ des sociétés occidentales. Selon lui, notre réticence à prendre des risques conduit souvent à des réactions d’évitement plutôt qu’à des actions préventives efficaces.
La recherche de stimuli : le cas des sports extrêmes
Face à cette prudence grandissante, certains cherchent à contrer la tendance en se tournant vers des activités qui offrent un niveau de risque et d’adrénaline élevé. C’est le cas de George Beuret, expert français du « base jump », qui voit dans les sports extrêmes une tentative de trouver des stimulations dans un monde où les situations dangereuses sont rares.
Passons maintenant à l’étude de la dynamique du défi entre plaisir et souffrance.
La dynamique du défi : plaisir et souffrance
Le goût de l’effort mis à mal ?
Un débat important est aussi soulevé sur la perte du goût de l’effort, particulièrement chez les jeunes générations. Cette situation serait en partie due à la crise sanitaire mais serait également liée au fonctionnement même de notre cerveau. En effet, celui-ci a évolué pour minimiser les dépenses énergétiques et favoriser notre survie.
L’attrait du défi face à l’adversité
Mais alors comment expliquer que certaines personnes trouvent un réel plaisir à relever des défis, même s’ils impliquent une dose importante d’effort et de risque ? C’est ici qu’intervient le concept de haut potentiel. Les individus concernés présentent des différences dans leur fonctionnement cognitif, affectif et sensoriel par rapport à la norme. Leur pensée complexe et rapide (‘pensée en arborescence‘) pourrait expliquer leur attirance pour les défis et le risque.
Abordons maintenant l’impact de la perte des sens sur notre moral.
L’impact psychologique de la perte des sens sur le moral
La sidération psychique suite à un traumatisme
Il est conseillé de noter que certaines expériences traumatisantes, comme les violences sexuelles, peuvent avoir un impact dévastateur sur la perception du risque. En effet, elles créent une mémoire traumatique particulière qui se trouve piégée dans certaines parties du cerveau, entraînant une sidération psychique qui bloque toute réaction. Cette situation peut mener à une aversion au risque exacerbée.
C’est dans ce contexte que se pose la question de la recherche de sens à travers le risque calculé.
La recherche de sens à travers le risque calculé
Le rôle du risque dans notre quête de sens
Faire face au danger, surmonter nos peurs, repousser nos limites : toutes ces actions impliquent un certain niveau de risque. Et pourtant, elles sont souvent indispensables dans notre quête individuelle de sens et d’accomplissement. Le risque calculé peut ainsi s’avérer être un outil précieux pour sortir de notre zone de confort et nous aider à grandir.
Mais comment réagissons-nous face au manque d’excitation ?
Les mécanismes d’adaptation face au manque d’excitation
Les réponses individuelles face à un monde sécurisé
Dans un monde de plus en plus sécurisé et prédictible, le manque d’excitation peut devenir une source d’insatisfaction. Chacun a ses propres mécanismes pour y faire face : certains vont se tourner vers des activités stimulantes, d’autres vont chercher à créer du danger là où il n’en existe pas.
Cette évolution nous amène à nous interroger sur la possibilité d’une redécouverte du goût du risque.
Vers une redécouverte du goût du risque dans un monde sécurisé
Risques et opportunités : trouver l’équilibre
Si notre société actuelle tend à éliminer les risques, notre suggestion est de rappeler que ceux-ci ont aussi leur utilité. Ils peuvent être source de motivation, d’apprentissage ou encore de découverte. Il s’agit donc de retrouver un certain équilibre entre la sécurité nécessaire à notre bien-être physique et psychologique et l’acceptation d’un certain niveau de risque bénéfique pour notre développement personnel.
Ainsi, bien que nous ayons perdu le goût du risque dans notre société contemporaine, cette tendance n’est pas irréversible. L’amateur de risques se délecte souvent des défis qui lui font sentir vivant. Les traumas peuvent marquer profondément notre rapport au danger mais ils mettent aussi en lumière la résilience humaine. La quête de sens passant parfois par le risque calculé montre qu’il est possible de transformer l’adversité en opportunité. Enfin, face à un monde sécurisé, la redécouverte du risque n’est pas une utopie mais une nécessité pour nourrir notre soif de vie.
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